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Les résultats

Les résultats de l’ABC sont impressionnants car le nombre d’espèces connues à Uvernet-Fours est passé de 3 347 à 4 024. Pour mettre ces chiffres en perspective, 40% des espèces recensées dans le Mercantour sont présentes à Uvernet-Fours. Pour certains groupes, la diversité est particulièrement remarquable : c’est par exemple 60% des papillons de jour de France métropolitaine que l’on trouve ici, ou encore 40% des mammifères terrestres de France (et la moitié des chauves-souris connues en France). Concernant la flore, près de 40 % des espèces connues en France ont été recensées à Uvernet-Fours également ce qui est remarquable, notamment lorsqu’on rapporte la superficie de la commune à l’échelle du territoire métropolitain, environ d’1/4 000 ème !

 

Concernant la faune, ce ne sont pas moins de 1 990 espèces animales qui ont été recensées sur la commune, dont 49 mammifères, 128 oiseaux, 7 reptiles, 2 amphibiens et 1 804 invertébrés (principalement des insectes). Parmi ces espèces, certaines sont très emblématiques, comme le bouquetin. Ce dernier, qui avait totalement disparu des Alpes du Sud au XIXème siècle, a bénéficié d’opérations de réintroduction, dont une en 1989 dans le Bachelard où 15 bouquetins en provenance du Parco Alpi Marittime furent relâchés, puis une seconde en 2006, lorsque 12 femelles venant de Vanoise furent également lâchées à des fins de renforcement génétique de cette population. Aujourd’hui, l’effectif sur la commune est stable, autour de 350 individus. Toujours chez les mammifères, on peut noter la présence remarquable du muscardin. Cette espèce nocturne, discrète et rare, se trouve à basse altitude. Le lagopède alpin, menacé notamment par le changement climatique, se raréfie à l’échelle des Alpes. Il est encore bien présent à Uvernet-Fours, sur toutes les parties les plus hautes de la commune. Autre spécificité de la commune d’Uvernet-Fours, la présence en nidification du chevalier guignette et du petit gravelot est unique dans le Mercantour. C’est d’autant plus intéressant que le premier est classé vulnérable sur la Liste rouge régionale des oiseaux nicheurs et le second quasi-menacé. Chez les insectes, de nombreuses espèces patrimoniales sont présentes. Pour les papillons, on citera l’héspérie rhétique, l’azuré de la phaque ou encore l’Isabelle de France. Cette dernière est un des plus beaux et des plus emblématiques papillons de France. Cette espèce protégée, autrefois très rare, connaît une belle dynamique d’expansion suite à la déprise agricole et donc à la recolonisation de sa plante hôte, le pin sylvestre.

Les sauterelles et les criquets (Orthoptères) sont également bien représentés, Uvernet-Fours est d’ailleurs la commune du Mercantour qui compte la plus grande diversité avec 61 espèces recensées. Parmi celles-ci, on compte un grand nombre d’espèces patrimoniales dont certaines sont liées aux hautes altitudes comme le gomphocère des moraines. Rare dans le Mercantour, il ne descend pas en dessous de 2 300 m d’altitude. Beaucoup plus rare encore, et qui plus est, classé en danger d’extinction sur la Liste rouge des espèces régionales des orthoptères de Provnece-Alpes-Côte-d’Azur, le barbitiste à bouclier est présent autour du col d’Allos. Cette espèce a d’une part une répartition très fragmentée à l’échelle des Alpes et, d’autre part, son habitat est menacé, notamment par l’arrivée précoce des troupeaux sur les alpages. Ces deux facteurs en font l’une des espèces d’Orthoptères les plus menacées du Mercantour.

 

Pour la flore, le parc national a recensé 1 658 espèces et tous les milieux représentés sur la commune hébergent des espèces patrimoniales qu'il faut préserver. On y rencontre 45 espèces d’orchidées. Il s’agit d’un patrimoine floristique important qui reflète la diversité du territoire. Elles sont présentes à tous les étages, jusqu’aux pelouses alpines. La plus prestigieuse est le sabot de Vénus, protégée au niveau national. Elle est très menacée par la destruction de son habitat, les coupes forestières, les aménagements et la cueillette. L’enjeu patrimonial qui est attaché à la conservation de cette espèce est considérable, tant la plante est rare et menacée à l’échelle nationale. Egalement présent, l’épipogon sans feuilles est une curieuse orchidée sans chlorophylle aux inflorescences en grappe. Ses grandes fleurs sont odorantes et c’est également une espèce protégée.

On trouve également une plante hautement patrimoniale et protégée, l’astragale queue-de-renard. Originaire d’Orient, elle témoigne des affinités entre les Alpes du sud et les régions continentales eurasiatiques. La commune peut s’enorgueillir de très belles stations, sur l’adret de Villard d’Abas. Cette magnifique plante haute de 50 cm à 1 m, assez robuste, velue, dresse de grosses grappes de fleurs jaunes dont la floraison se situe entre fin juin et juillet.

Des espèces endémiques, c’est-à-dire très localisées, sont également présentes, comme la bérardie laineuse dont la répartition se limite aux Alpes sud-occidentales franco-italiennes. Cette espèce protégée aux fleurs en capitules jaune pâle et aux feuilles duveteuses affectionne les éboulis mal stabilisés. On peut également mentionner la présence de l'œillet-de-paon, petite espèce aux fleurs rose vif à gorge bleu grisâtre et limitée à l’ouest des Alpes.

 

Ce qu'il faut retenir

Uvernet-Fours bénéficie de plusieurs grands atouts en terme de biodiversité. Grâce à un fort gradient altitudinal, on y trouve des ambiances très alpines dans des milieux particulièrement préservés. Un peu plus bas, à l’étage montagnard, la situation est un peu plus contrastée, mais il reste encore de nombreux endroits magnifiques très préservés, aussi bien à dominance naturelle que des ensembles paysagers agricoles traditionnels. Enfin, sur certains adrets et plus bas encore en altitude, on retrouve aussi des ambiances plus thermophiles moins représentées sur la commune. C’est cette diversité d’étages climatiques et d’expositions qui permet à Uvernet-Fours d’accueillir une faune et une flore aussi diversifiées. Le territoire communal a pour cela une responsabilité forte dans la conservation de ces écosystèmes et de ces espèces, notamment parce que certaines d’entre elles ont un caractère endémique et ne sont connues que de peu de sites en dehors de ce territoire. Il est possible que certains lieux particulièrement préservés, comme la réserve biologique intégrale de la Tellière-Paluel ou le vallon de la Grande Cayolle, soient amenés à jouer un rôle de refuge pour un grand nombre d’espèces dans un contexte de réchauffement climatique. Cette biodiversité remarquable est un patrimoine précieux avec une grande valeur écologique à l’échelle régionale. La biodiversité et la préservation des paysages et des milieux qui l’abritent sont également un point essentiel pour la qualité de vie des habitants. C’est enfin un atout clef pour le tourisme du futur tout en restant le fondement des activités agricoles traditionnelles respectueuses de la nature. La préservation de ces patrimoines naturels est donc un enjeu fort pour les habitants, les professionnels et les institutions locales.

Grâce à son expertise, le Parc national, tout en poursuivant la protection du cœur réglementé en rive gauche du Bachelard, continuera à partager ses connaissances et à apporter son accompagnement technique à la commune pour en faire un territoire de développement durable.

 

Les documents :

La plaquette de présentation :


Source URL: https://www3.mercantour-parcnational.fr/des-connaissances/lacquisition-et-le-partage-de-la-connaissance/les-atlas-de-la-biodiversite-1