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Vallée de la Tinée

Retraité, ami d’enfance d’Odette Donadio et époux de Germaine Ramin.

88 ans

"Mes racines sont là. Vous savez, ça fait des générations et des générations et c’est difficile à quitter."

 

Clément Ramin

Portrait par Eric Lenglemetz
Recueil de témoignage par Noëlie Pansiot

 

D'ici, de Roubion

Ma famille, mes ancêtres sont ici, à Roubion depuis 1691.

On vivait de l’élevage, des moutons et des vaches. Il n’y avait que l’élevage, et les fruits, les légumes pour la production familiale. On rentrait le foin pour les bêtes et c’est tout.

A l’époque, c’était pas mal. Il y avait plus de mouvements que maintenant, parce que beaucoup sont partis depuis. Premièrement, la guerre de 14, ça a déjà levé… Vous savez, y’en a 18 en bas au cimetière, et de ma famille, il y en a 8. Après, les gens ont vu qu’à l’extérieur, c’était mieux, que le pays ne tournait pas comme il aurait dû tourner et tout doucement, ça s’est évacué. Et maintenant, il ne reste plus que le tourisme et encore un peu d’élevage, tant que le loup n’a pas encore tout mangé.

Sûrement que ça a changé beaucoup, parce qu’on ne travaillait qu’à la campagne et il y avait beaucoup de monde. Il y avait des vaches laitières, des moutons, il y avait de tout, et ils ramassaient le foin pour ça. Et après on avait notre production familiale, du blé, surtout pour la farine.

Le pain, on le faisait nous-même. Il y avait le moulin mais à cause des Allemands, il ne tournait que la nuit. Le jour, c’était fermé.

Et toute la nuit, nous, on était en bas, au moulin, avec le meunier, mais nous, on était là pour surveiller. Après, on emmenait tout, tout de suite, pour que rien ne se voit. Et on était tenus de fournir à la ville 40% de notre production, mais souvent il fallait donner plus. Mais ça, c’était pas sûr que ça aille à tout le monde.

Mes racines sont là. Vous savez, ça fait des générations et des générations et c’est difficile à quitter.

 

Les bêtes

C’est la façon de vivre, à l’ancienne. Le foin, on s’occupe des animaux. Les animaux, il faut beaucoup s’en occuper mais attention, ils vous le rendent ! Moi je les appelais d’ici et ils venaient (les moutons).

Quand on s’attache trop aux bestiaux, ils nous aiment aussi. Moi, je ne peux pas faire de mal à une bête.

C’est vraiment prenant comme métier, et j’ai arrêté en 90. J’ai 28 ans de retraite.

J’en avais 200 à peu près, qui vivaient au pays. Nous, on était sédentaires, on ne bougeait pas de là.

La montagne, il faut être solidaire entre nous, parce que sans ça vous n’allez pas loin. Y’a la neige qui joue, y’a le mauvais temps, y’a les inconvénients des bestiaux, y‘a tout. Nous, s’il faut, on se disputait aujourd’hui, mais demain je vais le voir pour lui rendre service. Tandis qu’en ville, c’est pas comme ça.

 

La vacherie de Vignols

La vacherie de Vignols était importante et le 29 septembre, on rentrait les bêtes, le fromage et tout. Et le grand-père de Germaine il n’avait pas voulu donner le fromage au curé. On devait le faire chacun à tour de rôle... car le curé n’avait pas de vache… Et du coup, le curé n’a pas voulu enterrer son grand-père, il n’a pas voulu qu’il passe par l’église !

 


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